Petit Papa Noël… Faire croire (ou pas) *Edit 2017*

Ne gardons pas le mystère pour nous plus longtemps…Les fêtes de fin d’année approchent ! Nombreux sommes-nous à nous questionner au sujet de nos enfants, sur le fait de « faire croire ou non au Père Noël ». Si cette décision appartient à chacun, il n’en incombe pas moins de faire ce choix en toute connaissance de causes (et de conséquences, pour le coup). Voici donc notre point de vue sur la question et quelques pistes pouvant constituer des alternatives, sous l’angle des VEO, toujours…

perenoel-aude-ee.jpeg

Faire croire à ses enfants en l’existence du Père Noël est une chose, utiliser cette croyance pour « qu’ils se tiennent tranquilles » en est une autre. Même si, dans le prisme des VEO, les deux propositions ne semblent pas si éloignées que ça.

Regardez donc en toute objectivité :

Pour la première affirmation, « Oui, le père Noël existe ». Très franchement, à part quelques victimes du sempiternel « syndrome de Peter Pan » (Si vous en êtes, arrêtez la lecture de cet article ici, vraiment. Non ? Bon, j’avais prévenu…), plus personne ne vous dirait que c’est vrai. OK ? C’est donc un mensonge, par définition.

Pour ce qui est de la seconde proposition, encore pire.

Voyons voir : « Si tu n’es pas sage, le Père Noël ne passera pas ! ». Bon alors, là, clairement, ça se corse (et c’est bien moins joli que l’île du même nom. Coucou Corsica ❤ )

Or, si l’on n’apprend pas aux enfants à ne pas frapper tout en les frappant nous-mêmes, il en va de même pour tout le reste, dont les mensonges et le chantage susmentionnés.

N’oublions pas que les enfants apprennent aussi par mimétisme. Soyons exemplaires.

D’autant plus que le mensonge ne s’arrête pas là : souvent, les plus grands entrent dans « la combine » pour continuer à leurrer les plus petits. C’est un cercle sans fin. D’un autre côté, comme l’indique notre postulat de départ, nous nous plaçons toujours du point de vue l’enfant. A partir de là, essayons de nous mettre à la place de celui ou celle qui y croit très fort au Père Noël et dont l’entourage maintient fermement la croyance… Le jour où j’apprends « la vérité », de surcroît si cette dernière m’est annoncée brutalement (ou pas) par un copain d’école ou une cousine plus âgée, comment je me sens très concrètement ?

Bien sûr, l’état dans lequel je vais me retrouver successivement à cette découverte pourra varier selon mon degré de croyance, ma maturité, mon état psychologique du moment, mes aptitudes personnelles et mon caractère, mais globalement, le curseur se placera entre « Haute trahison » et « C’est pas si grave » en passant par « déception extrême ».

Le « jeu » en vaut-il la chandelle ? La question reste posée…

Voilà, le décor est posé et implique encore bien d’autres dimensions, notamment commerciales pour ne citer qu’elles. En effet, malgré le « STOP PUB » qui siège sur notre boîte aux lettres et la télé dont on a enfin réussi à se débarrasser définitivement, les catalogues de jouets parviennent tout de même parfois à emplir notre espace de quiétude. Bah oui, des fois qu’on oublie que Noël approche et que « le père Noël est en train de préparer sa saison de rush », il faut bien que la sphère commerçante se charge de nous le rappeler…

Partant de cela, rassurez-vous, il y a tout un tas de choses à dire et à faire avec les enfants autour de Noël sans se sentir obligé d’en passer par là.

Par exemple :

  1. Laisser l’enfant vous guider ! Oui, vous avez bien lu 😉 Dans une relation saine et égalitaire, exempte de VEO, chacun peut exprimer son avis sur les questions de la vie. Et quand celle du Père Noël arrive sur le tapis, pourquoi ne pas utiliser l’écoute active ?! ça pourrait prendre cette forme : « Et toi, qu’en penses-tu ? ». Cette petite phrase toute simple a plusieurs atouts : en plus de nous renseigner sur le « degré de croyance personnelle et individuelle» de l’enfant, elle permet de rester dans l’accompagnement de celle-ci sans toutefois en être à l’origine et sans la renforcer. On ajustera alors plus facilement notre façon d’accompagner notre petit tout en conservant un positionnement assez neutre.
  2. Tout miser sur le partage, l’amour, le don de soi, le temps passé ensemble autour de la préparation de la fête, la réflexion autour du menu, des cadeaux que chacun souhaiterait se voir offrir et que chacun souhaiterait offrir. « Fabriquer » la fête ensemble de façon à tisser les souvenirs qui s’y rapporteront. Redonner à Noël ses lettres de noblesse (façon de parler hein, je vous vois venir^^).
  3. C’est l’occasion d’ouvrir ses chakras son esprit, et celui des enfants: Bah oui, c’est quoi Noël ? D’où vient cette fête ? Quelle en est l’origine ? Comment fête-t-on Noël de par le vaste Monde ? Profitons-en pour faire des recherches, élargir nos connaissances, approfondir le sujet !
  4. C’est le moment de travailler le sens de l’empathie et de sensibiliser toute la famille au fait que Noël, ben c’est pas la fête pour tout le monde en réalité. Suivant les pays, les croyances, les obédiences…etc… la coutume de « l’assiette supplémentaire à table le soir du réveillon », à la base, n’est pas destinée à ce que le Père Noël puisse prendre une petite collation au pied du sapin entre deux livraisons. Non. Désolée de vous décevoir à nouveau. Cette assiette vide est réservée au « mendiant » qui viendrait frapper à la porte le soir de Noël pour se réchauffer et se restaurer autour de la table familiale…

Parce que c’est tout cela la « Magie de Noël », et que ça n’a franchement pas grand chose à voir avec « Le Grand Bonhomme En Rouge ».

Si malgré tout, vous décidez qu’insister sur cette croyance présente plus d’aspects positifs que négatifs pour l’enfant, essayez de rester objectif : cela reste un mensonge que votre enfant pourra vivre difficilement. A ce moment-là, vous devrez accueillir ses émotions, sa déception, et pourquoi pas sa tristesse ? Il vous faudra alors assumer ce choix.

De ce fait, lorsque nous nous sentons tenté(e)s par le « faire croire », essayons de toujours nous poser la question suivante :

« Mon enfant a-t-il besoin de croire ou est-ce moi qui en ai besoin ? »

De même, l’école ou les inévitables collectivités peuvent être un chemin direct du point « Père Noël » au point « Maison » sans passer par la case « Questionnement ».

Et si l’enfant décidait d’y croire comme ce fut le cas chez nous à Noël dernier, juste après la première rédaction de cet article, pas de panique !
Il s’agit là encore, d’accompagnement respectueux…

Voici des bribes de deux conversations que nous avons eue l’an dernier à ce sujet. La première, au mois de Décembre, au retour de sa matinée d’école:

<< – Maman ! Aujourd’hui y’avait le Père Noël à l’école !!!
– Ah oui ? Vraiment ?
– Oui ! Et il nous a même donné un cadeau ! Regarde comme c’est chouette !
– Ouah ! En effet 🙂 Hé bien, j’ai l’impression que tu l’as vraiment trouvé sympa ce type ?
– Ouais. Et moi aussi je veux lui faire un cadeau pour quand il viendra chez nous…
– Ok. Tu penses qu’il va passer chez nous ?
– Ben oui ! Mais ça sera pas le même. Celui de l’école, je sais bien que c’est juste un type avec un déguisement…
– Ok, on fera ce que tu veux, c’est toi qui décides, d’accord ?
– D’accord ! Je veux lui faire…..Une orange avec des trucs comme Balthazar (Une pomme d’ambre… NDLR) , d’accord ?!
– Ok d’acc Doc ! >>

La seconde, à la même période, au moment de se coucher:

<< – Maman ? T’y crois toi au Père Noël ? Tu crois qu’il existe pour de vrai ?
– J’en sais rien mon Crapaud. Moi je pense que c’est une légende, une belle histoire qu’on se raconte pour rêver à des trucs chouettes… Et toi ? 
– Moi je crois qu’il existe avec ses rennes et ses lutins mignons… Mais ils préparent les cadeaux mais c’est pas eux qui nous les ramènent parce que c’est trop lourd et que ça fait trop de boulot… Et qu’ils vivent dans la neige. C’est chouette la neige, on peut faire des batailles et des balades. Moi j’adore la neige ! …..
– Tu vois, ça fait rêver hein ? 
– Ouais, c’est chouette d’avoir un Père Noël pour tous les enfants… >>

Tous les enfants sont différents, et toutes les conversations sont singulières. Seulement, en tant qu’adulte, on peut être vigilant et choisir de ne pas induire la réponse de l’enfant. Choisir de se positionner de façon neutre face aux questions, permet à mon sens, de laisser toute la place à l’enfant pour qu’il s’exprime et élabore son intériorité, sa croyance s’il en est, sans en donner d’orientation personnelle.

Souhaiter à tout prix qu’il n’y croit pas est à mon avis tout aussi violent que d’insister pour qu’il y croit.

Encore une fois,la question reste la même:

« QUI a besoin d’étoiles dans les yeux ? L’enfant, ou l’adulte ? »

Pour finir, si dans la même fratrie/famille, les enfants ne partagent pas la (non) croyance, que faire ?

C’est le moment d’introduire (ou de travailler) une notion essentielle de la non violence: le respect. Ici plus particulièrement, le respect de la croyance de chacun:

« Tu as le droit de ne pas croire, autant que ta sœur/ton cousin/ta voisine a le droit de croire. Personne ne va t’obliger à croire si tu ne le souhaites pas. On est tous différents et c’est pareil pour tout le monde. »

En fait, l’idée de base étant d’adapter l’accompagnement de l’enfant…à l’enfant lui-même 😉

 

 

Et pour celles et ceux qui aiment s’appuyer sur les livres jeunesse pour faire passer les messages, voici une petite bibliographie qui pourrait vous être fort utile en cette période :

Le Noël de Balthazar
http://www.editions-hatier.fr/livre/le-noel-de-balthazar

Le Noël de Franklin (la Tortue, ndlr)http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/bourgeois-paulette-clark-brenda/le-noel-de-franklin,673995.aspx

Ernest et Célestine : Le sapin de Noël
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/5310-ernest-et-celestine-le-sapin-de-noel

Agathe ne croit pas au Père Noël
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/50137-agathe-ne-croit-pas-au-pere-noel

Combien de nuits reste-t-il avant Noël ?
http://www.lespetitsbouquins.com/livres/combien-de-nuits-reste-t-il-avant-noel/

 

 

Et….. Joyeux Noël à tou(te)s bien sûr !

 

Aude, pour la collégiale.

 

Pour aller plus loin :

http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/2016/10/biblio-notre-selection-de-livres-pour-un-noel-alternatif.html

**BREAKING NEWS** La culpabilité, ça se transforme!

Que le premier parent qui n’a jamais culpabilisé de l’un de ses agissements de parent lève la main !

Personne ?

OK. Merci. On peut donc partir sur une base commune.

La pression sociale du « bon-parent-bienveillant-mais-ferme-voire-strict » étant ce qu’elle est, et face aux regards souvent réprobateurs de notre environnement, le doute s’installe et la culpabilité nous assaille parfois.

Mais au fond, c’est quoi la culpabilité ?

Encore un prétexte de plus pour emprunter à Claire Denis[1] une formule que j’affectionne tout particulièrement : « faire résonner les mots, pour mieux raisonner. »

Pour le Larousse, la culpabilité c’est le « sentiment de faute ressenti par un sujet, que celle-ci soit réelle ou imaginaire. »

C’est cette idée de « faute » qui me fait rejoindre Guy Ausloos[2] lorsqu’il déplore la confusion qui est encore souvent faite entre la notion de culpabilité et celle de responsabilité. Aussi, pour l’auteur, la notion de faute dans sa dimension plutôt judéo-chrétienne, engendrerait celle de culpabilité.

Dans un sens plus systémique, le terme de responsabilité amènerait plutôt à celui de compétences, davantage enclin à l’accueil, par le système lui-même, de l’information nécessaire à la découverte d’« auto-solutions » et à l’émergence de l’« innovation » . Et l’auteur, de poursuivre :

« Une famille responsable signifie une famille qui a des responsabilités et qui est capable de les prendre.»[3]

À l’heure où de nombreuses voix s’élèvent pour parler du « métier de parents » (piquant au passage cette expression à Freud dont les théories sur l’enfance ont été amplement décriées), à celle où l’on voit passer maints articles au sujet d’une « parentalité positive qui a fini par nous gonfler », laissant ainsi à voir la pression vécue par les personnes acquérant ce statut à la fois si évident et si particulier, comment se situer pour simplifier la donne sans risquer de paraître « simpliste » ?

 

Indéniablement, devenir parent, c’est accroître son champ de responsabilités.

À la mention « responsable de soi », le parent ajoute « responsable de l’Autre », et cet « Autre » en cela qu’il n’est pas encore autonome, est un être de besoins auxquels il faut répondre pour assurer sa survie et son épanouissement en tant qu’être humain.

Voilà donc le parent, adulte, responsable de la vie de son petit et de l’accompagnement quasi constant de son quotidien, concourant à mettre à sa disposition le terreau nécessaire dans lequel il pourra puiser pour devenir, à terme et à son tour, un adulte autonome, indépendant et responsable, adapté à la société dans laquelle il évolue.

(ou pas. Mais ça, c’est un autre débat 😉 )

Et même si je comprends que ce soit parfois une sorte de contorsion intellectuelle ET émotionnelle, nécessitant une grosse dose de remise en question, se départir de notre culpabilité de façon constructive est un processus aidant, sinon primordial à l’épanouissement des membres de la famille, fussent-ils des enfants.

Mais alors, comment je m’y prends ?

Attention ! S’il ne s’agit pas de balayer la culpabilité ressentie pour passer à autre chose parce qu’elle nous est insupportable, il s’agit encore moins d’essayer de se rassurer en cherchant des excuses à nos comportements et/ou du réconfort à grand renfort de « chaudoudoux ».

Non.

Désolée.

 Tout simplement parce que – pour reprendre une analogie philosophique de notre consœur Maja – « C’est comme casser son régime avec une plaque de chocolat et de le reprendre le lendemain en se disant qu’on fera attention plus tard ! » 

Plus sérieusement, lorsque le sentiment de culpabilité paraît, il convient au contraire d’y prêter la plus grande attention dès les premiers signes. Considérons alors ce ressenti désagréable comme une sorte de signal d’alarme. En deux exemples, ça pourrait donner à peu près ça :

  1. La culpabilisation/déculpabilisation

« En ce moment, j’ai l’impression de passer mon temps à râler, gronder et crier parfois. J’ai même envoyé la petite dernière dans sa chambre avec perte et fracas pour qu’elle se calme. Je ne suis pas fièr.e de moi. J’ai vraiment merdé. Je me sens nul.le. Tout est de ma faute. Oui, mais j’ai la pression en ce moment, ce nouveau boulot, la fatigue, le mari/la femme qui travaille beaucoup, plus tout ce à quoi je dois penser pour les enfants, et mes parents qui me traitent de laxiste ! Ils ont peut-être raison finalement… ça ira mieux demain… ou ce weekend… ça arrive à tout le monde de craquer, c’est pas si grave… »

Le « Oui, mais… » est fatal. Non content de ne pas faire disparaître le problème, il se contente (au mieux !) d’atténuer un peu le sentiment désagréable en le mettant à distance…Jusqu’à la prochaine fois.

  1. La culpabilisation/responsabilisation

« En ce moment, j’ai l’impression de passer mon temps à râler, gronder et crier parfois. J’ai même envoyé la petite dernière dans sa chambre avec perte et fracas pour qu’elle se calme. Je ne suis pas fièr.e de moi. J’ai vraiment merdé. Je me sens nul.le. Tout est de ma faute… Et….STOP ! Ok. J’ai merdé. Ça peut arriver. Et maintenant, qu’est ce que je vais pouvoir faire et/ou changer pour que ça n’arrive plus ? De quoi j’ai besoin ? De repos ? De temps ? De lecture appropriée ? »

Voilà. Tout est dans ce point d’interrogation. Se questionner c’est déjà changer un peu. C’est se mettre au travail pour tenter de se sortir d’une situation délicate et inconfortable, dans l’intérêt de tous. C’est prendre ses responsabilités en transformant un sentiment « néfaste » en action constructive.

On n’a pas dit que c’était facile (tu noteras l’emploi du mot « travail » dont l’étymologie provient du latin tripalium qui n’était autre qu’un instrument de torture…), mais du point de vue de l’enfant, (puisque c’est notre base ici. Je le rappelle pour les nouveaux !) voir un parent à l’œuvre, qui prend le temps de fouiller, de se mettre en recherche, qui prête attention à ses besoins et à ceux des autres, qui sait – ou qui apprend à – faire preuve d’humilité et de remise en question…C’est plutôt chouette, non ?

Allez, courage ! Et « travaillez » bien  ♥

Aude, pour la Team Enfance Épanouie

[1] Claire Denis a étudié la psychologie et les sciences de l’éducation à l’université. Elle est médiatrice familiale et formatrice en analyse des pratiques professionnelles. Auteure de plusieurs ouvrages, elle est aussi engagée bénévolement dans des mouvements citoyens.

[2] G. AUSLOOS, La compétence des familles : temps, chaos, processus, Ed. ERES, Coll. Relations, Toulouse, 2008, p.158.

[3] Idem, p.159.

La douce violence… Ou pourquoi « c’est mal » de dire « c’est bien ! »

Professionnelle de l’action sociale depuis 12 ans, éducatrice spécialisée de mon état (initial ;-)), j’interviens régulièrement en tant que formatrice dans l’Institut Régional du Travail Social de ma région. Cet article s’adresse davantage aux professionnels de la relation d’aide ou du soin, mais également à tout parent désireux d’avancer vers l’éducation non violente…

 

Douce…Violence…Qu’est-ce donc que cet oxymore ? (A part « une figure de style littéraire visant à rapprocher deux termes apparemment opposés »[1])

La douce violence, pour certains, c’est aller chercher de la violence là où, en apparence, il n’y en a pas… Je dis « en apparence » parce que c’est cela qu’il convient de décrypter.

En apparence, parler d’un enfant ou d’un vieillard sénile à la troisième personne alors qu’il est présent, pour transmettre des informations à un collègue par exemple, ce n’est pas de « la violence », c’est du professionnalisme (et/ou une façon d’aller plus vite.)

Voici quelques autres exemples :

  • Poser des questions de curiosité de type « c’est un enfant désiré ? » à une femme enceinte lors de son échographie,
  • Presser un enfant ou un adulte dépendant, (Dépèche-toi ! Allez ! Hop hop hop ! Qu’est ce qu’il est lent!)
  • Nier l’émotion ressentie (Arrête(z) de pleurer ! On dirait une  fille/un enfant !)
  • Imposer à quiconque de s’habiller chaudement alors qu’il n’a pas froid, de finir son assiette alors qu’il n’a pas faim,
  • Donner des surnoms constamment (pour l’enfant c’est un risque de faille identitaire, pour l’adulte, on dira que c’est « infantilisant »…)
  • Coller des étiquettes (Tu es/il(elle) est sage-gentil(le)-méchant(e)-étourdi(e)-lent(e)-maladroit(e) …)

Et j’en passe…Vous en trouverez beaucoup d’autres dans les livres de Christine Schuhl[2].

 

En fait, dans le verbe, c’est une façon de sortir de la relation (éducative s’il en est) pour s’ériger en juge de l’autre, autre différent et donc parfois incompréhensible. C’est un mécanisme intellectuel qui provient du besoin d’aller vite, de classifier, d’encadrer, d’étiqueter pour faciliter  le travail du cerveau et pour comprendre. Cerveau qui s’en occupe parfois même sans que nous n’en ayons conscience.

J’en reviens à l’expression « C’est bien ! », évoquée dans le titre :

Il m’a fallu du temps pour mesurer cet aspect de la relation éducative, mais en effet, objectivement, dire « c’est bien ! » à celui que l’on « éduque », c’est un jugement de valeur.

Plutôt positif me direz-vous?

Certes! Mais qu’il soit positif ou négatif, le jugement de valeur est à proscrire de la relation éducative puisqu’il implique un jeu de pouvoir : « l’éduqué » est donc sans cesse contraint de mesurer ses capacités en fonction de l’échelle de valeurs de « l’éducateur ».

Ladite échelle étant forcément sensiblement (ou totalement) différente d’un individu à un autre, l’on peut dès lors envisager l’impossible situation dans laquelle de telles paroles « insignifiantes » peuvent plonger l’usager d’une structure, confronté qu’il est en permanence et de façon souvent non souhaitée à une équipe de plusieurs éducateurs d’horizons différents…

Alors luttons !

Mettons-nous à la place des gens, fussent-ils des enfants et ne cessons jamais de nous questionner !

 » Tiens, pourquoi j’ai dit ça ? Quel est l’objectif éducatif de ma demande, de mon intervention auprès de cette personne ? Comment je le prendrais si l’on s’adressait à moi de cette façon ? « 

Sortons du jeu de pouvoir qui pollue la relation et restons humbles!

« Qui suis-je pour me permettre de juger l’autre, positivement ou négativement? Qui suis-je pour lui imposer MA conception du  »bien » et du  »mal »? « 

Une citation dont j’ai oublié l’auteur, illustre parfaitement le propos: « Peu importe qui tu rencontres sur ton chemin, n’oublie jamais qu’il a déjà au moins une fois traversé l’enfer. »

Essayons de rester neutre et objectif, et pour cela, décrivons ce que nous observons sans qualifier et restons dans l’interrogative! (Bonus : laissons toujours la porte ouverte –pour ne pas dire « la main tendue »…)

Exemples :

«Hé ben ! Ta fugue t’as encore servi à aller te défoncer le crâne ! Salut, content(e) de te revoir. Je vois que la nuit a été difficile. Je me trompe ? »

« Aujourd’hui c’est dans ta chambre et t’en sors pas tant que tes yeux ont pas retrouvé une couleur normale c’est compris !? Est-ce que tu veux te poser pour qu’on en parle ? Ou encore « Quand tu seras prêt à en parler, j’aimerai que tu viennes me voir. »

« Je vois que ce mur est dégueulasse plein de feutre. QUI a fait ça ??!!! Comment faire pour nettoyer ça et faire en sorte que ça n’arrive plus ? » 

« Je vois que tu fais un joli dessin ! C’est très beau !  Tu as choisi plein de couleurs vives ! »[3]

 

Bref, soyons vigilants puisque la violence, qu’elle soit « douce » ou qu’elle le soit moins, s’immisce jusque dans le plus infime des recoins de l’accompagnement éducatif, si ancrée qu’elle est dans nos pratiques, jusqu’à l’être dans l’humain lui-même… N’oublions pas que notre posture d’éducateur consiste à accompagner, à aider, à secourir même parfois.

Nous sommes une béquille…pas une batte de Baseball…

 

Aude

 

Pour aller plus loin, généralement:

 

[1] Larousse

[2] Christine SCHUHL, Denis DUGAS, Repérer et éviter les douces violences dans l’anodin du quotidien, Ed. Chronique Sociale, Lyon, 2014.

[3] Pour aller plus loin sur ce sujet particulier : http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/2016/07/maman-il-est-joli-mon-dessin.html

Petit Papa Noël… Faire croire (ou pas)

received_10211542648787924

Ne gardons pas le mystère pour nous plus longtemps…Les fêtes de fin d’année approchent ! Nombreux sommes-nous à nous questionner au sujet de nos enfants, sur le fait de « faire croire ou non au Père Noël ». Si cette décision appartient à chacun, il n’en incombe pas moins de faire ce choix en toute connaissance de causes (et de conséquences, pour le coup). Voici donc notre point de vue sur la question et quelques pistes pouvant constituer des alternatives, sous l’angle des VEO, toujours…

Faire croire à ses enfants en l’existence du Père Noël est une chose, utiliser cette croyance pour « qu’ils se tiennent tranquilles » en est une autre. Même si, dans le prisme des VEO, les deux propositions ne semblent pas si éloignées que ça.

Regardez donc en toute objectivité :

Pour la première affirmation, « Oui, le père Noël existe ». Très franchement, à part quelques victimes du sempiternel « syndrome de Peter Pan » (Si vous en êtes, arrêtez la lecture de cet article ici, vraiment. Non ? Bon, j’avais prévenu…), plus personne ne vous dirait que c’est vrai. Ok ? C’est donc un mensonge, par définition.

Pour ce qui est de la seconde proposition, encore pire.

Voyons voir : « Si tu n’es pas sage, le Père Noël ne passera pas ! ». Bon alors, là, clairement, ça se corse (et c’est bien moins joli que l’île du même nom. Coucou Corsica

Or, si l’on n’apprend pas aux enfants à ne pas frapper tout en les frappant nous-mêmes, il en va de même pour tout le reste, dont les mensonges et le chantage susmentionnés.

N’oublions pas que les enfants apprennent aussi par mimétisme. Soyons exemplaires.

D’autant plus que le mensonge ne s’arrête pas là : souvent, les plus grands entrent dans
« la combine » pour continuer à leurrer les plus petits. C’est un cercle sans fin. D’un autre côté, comme l’indique notre postulat de départ, nous nous plaçons toujours du point de vue l’enfant. A partir de là, essayons de nous mettre à la place de celui ou celle qui y croit très fort au Père Noël et dont l’entourage maintient fermement la croyance… Le jour où j’apprends « la vérité », de surcroît si cette dernière m’est annoncée brutalement (ou pas) par un copain d’école ou une cousine plus âgée, comment je me sens très concrètement ?

Bien sûr, l’état dans lequel je vais me retrouver successivement à cette annonce pourra varier selon mon degré de croyance, ma maturité, mon état psychologique du moment, mes aptitudes personnelles et mon caractère, mais globalement, le curseur se placera entre « Haute trahison » et « C’est pas si grave » en passant par « déception extrême ».

Le « jeu » en vaut-il la chandelle ? La question reste posée…

Voilà, le décor est posé et implique encore bien d’autres dimensions, notamment commerciales pour ne citer qu’elles. En effet, malgré le « STOP PUB » qui siège sur notre boîte aux lettres et la télé (pourtant éteinte) qui trône (pourtant encore) dans notre salon, les catalogues de jouets sont tout de même parvenus à emplir notre espace de quiétude. Bah oui, desfois qu’on oublie que Noël approche et que « le père Noël est en train de préparer sa saison de rush », il faut bien que la sphère commerçante se charge de nous le rappeler…

Partant de cela, rassurez-vous, il y a tout un tas de choses à dire et à faire avec les enfants autour de Noël sans se sentir obligé d’en passer par là.

Par exemple :

  1. Laisser l’enfant vous guider ! Oui, vous avez bien lu 😉 Dans une relation saine et égalitaire, exempte de VEO, chacun peut exprimer son avis sur les questions de la vie. Et quand celle du Père Noël arrive sur le tapis, pourquoi ne pas utiliser l’écoute active ?! ça pourrait prendre cette forme : « Et toi, qu’en penses-tu ? ». Cette petite phrase toute simple a plusieurs atouts : en plus de nous renseigner sur le « degré de croyance personnelle et individuelle» de l’enfant, elle permet de rester dans l’accompagnement de celle-ci sans toutefois en être à l’origine et sans la renforcer. On ajustera alors plus facilement notre façon d’accompagner notre petit tout en conservant un positionnement assez neutre.
  2. Tout miser sur le partage, l’amour, le don de soi, le temps passé ensemble autour de la préparation de la fête, la réflexion autour du menu, des cadeaux que chacun souhaiterait se voir offrir et que chacun souhaiterait offrir. « Fabriquer » la fête ensemble de façon à tisser les souvenirs qui s’y rapporteront. Redonner à Noël ses lettres de noblesse (façon de parler hein, je vous vois venir^^).
  3. C’est l’occasion d’ouvrir ses chakras son esprit, et celui des enfants: Bah oui, c’est quoi Noël? D’où vient cette fête? Quelle en est l’origine? Comment fête-t-on Noël de par le vaste Monde? Profitons-en pour faire des recherches, élargir nos connaissances, approfondir le sujet!
  4. C’est le moment de travailler le sens de l’empathie et de sensibiliser toute la famille au fait que Noël, ben c’est pas la fête pour tout le monde en réalité. Suivant les pays, les croyances, les obédiences…etc… la coutume de « l’assiette supplémentaire à table le soir du réveillon », à la base, n’est pas destinée à ce que le Père Noël puisse prendre une petite collation au pied du sapin entre deux livraisons. Non. Désolée de vous décevoir à nouveau. Cette assiette vide est réservée au « mendiant » qui viendrait frapper à la porte le soir de Noël pour se réchauffer et se restaurer autour de la table familiale…

Parce que c’est tout cela la « Magie de Noël », et que ça n’a franchement pas grand chose à voir avec « Le Grand Bonhomme En Rouge ».

Si malgré tout, vous décidez qu’insister sur cette croyance présente plus d’aspects positifs que négatifs pour l’enfant, essayez de rester objectif : cela reste un mensonge que votre enfant pourra vivre difficilement. A ce moment-là, vous devrez accueillir ses émotions, sa déception, et pourquoi pas sa tristesse? Il vous faudra alors assumer ce choix.

De ce fait, lorsque nous nous sentons tenté(e)s par le « faire croire », essayons de toujours nous poser la question suivante :

« Mon enfant a-t-il besoin de croire ou est-ce moi qui en ai besoin ? »

Et pour celles et ceux qui aiment s’appuyer sur les livres jeunesse pour faire passer les messages, voici une petite bibliographie qui pourrait vous être fort utile en cette période :

Le Noël de Balthazar
http://www.editions-hatier.fr/livre/le-noel-de-balthazar

Le Noël de Franklin (la Tortue, ndlr) http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/bourgeois-paulette-clark-brenda/le-noel-de-franklin,673995.aspx

Ernest et Célestine : Le sapin de Noël
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/5310-ernest-et-celestine-le-sapin-de-noel

Agathe ne croit pas au Père Noël
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/50137-agathe-ne-croit-pas-au-pere-noel

Combien de nuits reste-t-il avant Noël ?
http://www.lespetitsbouquins.com/livres/combien-de-nuits-reste-t-il-avant-noel/

Et….. Joyeux Noël à tou(te)s bien sûr !

Aude, pour la collégiale (merci les copains

Pour aller plus loin :

http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/2016/10/biblio-notre-selection-de-livres-pour-un-noel-alternatif.html

L’enfant roi n’existe pas.

L’archétype de l’enfant roi, tyran en puissance est un concept erroné menant souvent à considérer que l’abandon du système autoritaire conduit inéluctablement au chaos. Il est essentiel de sortir de cette considération de l’enfant. L’enfant naît empathique et altruiste, un  pressenti  communément taclé de « bisounours » aujourd’hui confirmé par de nombreux chercheurs.

Le cerveau de l’enfant est immature et établit des connections en fonction de son environnement et apprend par imitation les comportements de son entourage.
Nous vous invitons à visionner la vidéo explicative de Céline Alvarez au sujet de la plasticité cérébrale :

 

Ainsi, un accompagnement respectueux ne développe pas l’égoïsme mais le respect. Le respect réel enseigné par l’exemple de ce que l’enfant aura reçu envers lui-même. L’estime de soi de l’enfant est préservée, laquelle est essentielle au respect de ses propres besoins et à conserver sa posture empathique. Nulle crainte à avoir, donc, lorsqu’un parent explique les choses à son enfant sans lui ordonner ou punir, bien loin ainsi d’ « en faire un enfant roi », c’est exactement l’inverse. L’exemple est maître dans tout apprentissage et le respect s’apprend en étant respecté.

Un enfant n’a pas encore acquis les codes pour se conduire en société, et ses actions sont parfois inappropriées. On ne peut pas lui en vouloir ni le blâmer pour cette inexpérience, notre rôle est de lui transmettre ces codes en lui donnant des clés via des consignes claires bien définies.

Finalement, vous avez rencontré quelques enfants se conduisant de manière dite « tyrannique » et vous vous dites c’est bien beau tout ça mais si ce n’est pas inhérent à la nature de l’enfant – et de l’humain – alors ça vient d’où ?

l-enfant-roi

Un  enfant, chéri par des parents équilibrés et bienveillants… Oh wait !

« Un enfant difficile a toujours quelques chose à nous dire » (yapaka). Il crie simplement au monde sa souffrance, son impuissance face à un vécu douloureux qu’il ne maîtrise pas. C’est notre rôle d’adulte accompagnant de décrypter cela, de découvrir ce qui se passe auprès de l’enfant.  Ce peut être le fait de la tristesse puis la rancœur d’émotions non accueillies, le fait d’évoluer dans un environnement non sécure, ce fameux laxisme … L’enfant va alors se comporter de manière à attirer l’attention sur son problème envers une nouvelle figure d’attachement (les adultes rencontrés à l’école en particulier ou dans tout autre lieu où il se sentira assez en confiance).

Mais les comportements égoïstes et égocentrés sont aussi le fait de punitions, de se dire « puisque c’est comme ça »… L’éducation autoritaire, visant à dresser un enfant pour le rendre respectueux  par la crainte, induit l’exact opposé de ce qu’elle souhaite. Elle abîme l’estime de soi, annihile l’empathie naturelle de l’enfant et conduit à des sursauts d’égoïsme, bien souvent en l’absence des adultes, à la récré notamment… L’enfant va comprendre qu’en présence des adultes, il faut se tenir à carreaux, sinon les punitions pleuvent. Mais une fois que l’adulte aura le dos tourné, il fera subir à d’autres ce qu’il subit lui-même, ou suivra ceux qui induisent cela, ce qui mènent aux chamailleries habituelles mais aussi au harcèlement.

 

L’enfant roi n’existe pas. Il n’a aucun pouvoir. C’est un enfant. Un enfant triste, perdu, démuni, en manque de sécurité affective. Il y a toujours une explication derrière un comportement inapproprié. Le cerveau immature de l’enfant ne lui permet pas encore de gérer ses émotions ; colère, tristesse, crainte l’envahissent et « explosent » littéralement en cris, jet d’objet, agression physique… Notre rôle est d’accompagner dans l’apprentissage du respect de chacun.e et dans la gestion de ses émotions au mieux.

 

Chloé

 

Pour aller plus loin :

La Plasticité cérébrale, vidéo de Céline Avarez (5’28)

La Plasticité cérébrale, vidéo de Céline Avarez (29’23)

« Un enfant difficile a toujours quelques chose à nous dire » Campagne yapaka

Rejoindre le groupe facebook : Pour une enfance épanouie, échanges et conseils

un-enfant-difficile-a-toujours-qqch-a-nous-dire

 

Dis, Maman, c’est quoi un « enfant »?

Un peu d’étymologie…Dans ce monde de brutes…

Les mots que nous utilisons chaque jour sont des « porteurs de sens » dont bien souvent le sens nous échappe, justement. Dans le cas de l’enfant, dont il est question ici et dont il sera question tout au long de la rédaction des articles qui composeront ce blog, je pense qu’il est essentiel de refaire un saut vers les origines. Parce que c’est bien en traversant les âges que nous pouvons percevoir toute l’imprégnation d’un terme sur les sujets qu’il est amené à désigner.

Parce que oui, en fait, c’est quoi un « enfant » ?

Ou en tout cas, d’où vient ce mot ? Comment tout cela se construit et qu’est ce que cela implique ?

L’enfance désigne au sens propre « la période de la vie humaine, de la naissance à l’adolescence. »[1]  

Au sens figuré, il s’agit du « moment initial ou fondateur, qui est à l’origine de… (l’enfance de l’humanité) »[2]

Parallèlement, je me suis rendu compte au cours de mes recherches que bon nombre d’expressions de la langue française comportant le mot « enfant », sont à visée plutôt (voire carrément) péjorative. Ainsi, « Ne fais pas l’enfant ! », « Cesse tes enfantillages ! », « Retomber en enfance »,… sont autant de proverbes et d’expressions signifiants chez l’adulte, un certain degré d’immaturité, de puérilité, de naïveté.

Le mot « enfantillage » comporte d’ailleurs parmi ses synonymes :

« futilité, frivolité, niaiserie, bêtise, baliverne, caprice ( !!!), sottise, naïveté, gaminerie, simagrée… » [3]

J’en passe et des bien pires…

Aussi, je trouve pertinent de rappeler que l’on parle de « familles de mots » pour désigner les termes partageant la même racine. D’ailleurs, voyons ce que nous dit l’étymologie du mot « enfant » :

 « Enfant nous vient du bas latin ‘’infans’’ pour ‘’non fans’’. Du latin ‘’in farer’’, celui ‘’qui ne parle pas’’, issu du verbe grec ‘’femi’’, celui ‘’qui ne sait manifester sa pensée par la parole’’ […] Plus tard, cet ‘’infans’’ sera un individu et deviendra une personne lorsqu’il franchira les étapes de l’instruction puis de l’étude…Il deviendra donc en latin, un ‘’puer’’[4]

Pour DOEDERLEIN au 19ème siècle, ‘’infans’’ est considéré comme étant le premier stade du ‘’puer’’ qui englobe la personne, de sa naissance à son âge adulte. Dans le même temps l’auteur indique que ce qui  fixe l’entrée dans l’âge adulte est la capacité de procréation d’un individu. L’enfant est donc défini par son absence de capacités (de parole, d’expression de la pensée, puis de procréation…).

Un enfant serait-il donc « celui qui n’est pas encore » ?

 « Cet enfant, le ‘’puer’’ latin vient du verbe latin ‘’parere’’ comme l’indique DODERLEIN. Ce verbe, ‘’parere’’ possède le sens d’enfanter, accoucher, mettre bas, engendrer. Ce verbe ‘’parere’’ donne en latin le mot ‘’parens’’ désignant le père ou la mère, les grands-pères, l’aïeul, les parents, les proches. »[5]

Ainsi, « parent » et « enfant » définissent chacun un stade du cycle de la vie de l’individu tout en étant des termes liés à la même racine (encore une analogie avec la famille et son fameux ARBRE généalogique ;-)).

Et si tous les individus ne deviendront pas des « parents », ils ont tous pour autant, été des « enfants ». Cette dimension temporelle évoquant différents stades de la vie d’un seul et même individu tend à nous amener progressivement vers cette vision humainement égalitaire. Un adulte étant un « ancien enfant » et un enfant étant de ce fait un « futur adulte ».

Somme toute, malgré les évolutions de ces dernières décennies concernant la connaissance et la compréhension du « monde de l’enfance », difficile de ne pas évoquer le « poids des mots », qui peut, parfois être lourd à porter. Et si l’on prend du temps « pour s’y faire », l’on en prendra tout autant pour « s’en défaire ».

Ainsi, ces quelques minutes d’étymologie laissent entrevoir l’implication du terme, du mot à proprement parler, dans la place que nous réservons à nos « petits êtres » dans la société:

Bah oui, finalement, à quoi bon écouter « celui qui ne parle pas » ?

C’est cette place, toute singulière, qui fera l’objet d’un article à venir, dont vous trouverez le lien ici même : ………

Aude

[1] Larousse

[2] Idem

[3] Synonymo, Dictionnaire des synonymes en ligne, source Internet.

[4] https://sites.google.com/site/etymologielatingrec/home/e/enfant

[5] Louis DOEDERLEIN, Manuel de synonymie latine, Édition française (publiée avec l’autorisation spéciale de l’auteur par Th. Leclaire), Paris, 1873