Défi Décembre 2019 : Don, Donner

D comme Décembre, D comme Don, D comme Donner

Donner la vie, Donner de soi, Donner à soi, Donner à l’autre.

En ces temps propices à la préparation des fêtes mais parfois maussades, ou générateurs de tensions familiales ou interpersonnelles, re-donnons du sens au don ♥️

Vous avez du temps ? Donnez-en à vos enfants, à votre conjoint.e, à vous-même, à quelqu’un qui a besoin de soutien.

Vous avez des objets dont vous ne vous servez plus ?
Donnez-les à quelqu’un qui en aurait besoin.

Vous avez des compétences en cuisine, couture, fabrications diverses ?
Donnez vos créations, juste comme ça, pour faire plaisir ou pour rendre service !

Vous avez des compétences immatérielles ?
Donnez, partagez votre expérience, votre savoir, votre savoir faire !

Et n’oubliez pas de venir nous dire ici ce que vous allez donner/avez donné sous ce post facebook -public-, ou sur notre groupe ‘échanges et conseils sans veo’

C’est parti ?

3! 2! 1! Prêts ? DONNEZ !

 

L’équipe d’Enfances Épanouies

 

Défi Novembre 2019 : Nourriture

N comme Novembre, N comme Nourriture

Ce mois-ci, nous abordons les violences faites aux enfants autour de l’alimentation….et malheureusement elles sont nombreuses !

Quelles sont-elles ?

  • Ne pas allaiter à la demande
  • Imposer un sevrage (partiel la nuit ou total)
  • Imposer des horaires de repas à l’enfant
  • Le priver de manger entre les moments décidés par les adultes pour les repas (à table)
  • Ne pas donner libre accès à de la nourriture saine à l’enfant tout au long de la journée
  • Obliger l’enfant à rester « bien assis » à table
  • L’abus de langage et la position adultiste dans l’injonction « à table ! »
  • Interdire à l’enfant de sortir de table
  • Forcer l’enfant à finir son assiette (ou le culpabiliser)
  • Forcer l’enfant à goûter de la nourriture
  • Ne pas accompagner l’enfant vis à vis de ses signes de faim
  • Ne pas accompagner l’émotion du dégoût chez l’enfant
  • Interdire à l’enfant de manger un aliment acheté parce que l’adulte a décidé que ce n’était pas adapté, sans réels risques (allergies, intolérances)
  • Ne pas adapter l’environnement
  • Ne pas montrer par l’exemplarité
  • Racler les contours de la bouche du bébé avec une cuillère
  • Ne pas demander au bébé s’il est d’accord pour enfiler un bavoir, lui mettre par surprise
  • Donner à manger au bébé uniquement à la cuillère et uniquement de la purée
  • Interdire le bébé d’attraper la nourriture dans nos assiettes
  • Proposer des purées à un bébé en DME
  • Utiliser une chaise haute alors que l’enfant veut clairement se mouvoir

Prêts à les éradiquer ?

Quelques petites pistes :

  • DME = Diversification Menée par l’Enfant
  • Repas en horaire consentie
  • Favoriser la motricité libre
  • Repas au sol
  • Repas sur table et chaise adaptés à l’enfant
  • Alimentation en accès libre
  • Respecter le consentement de l’enfant à tout moment et privilégier l’autonomie

Les moments de partage

En France, culturellement, ces moments en famille, ces temps de discussion, sont souvent associés à l’heure du repas. Lorsque les enfants sont partants avec ça, il n’y a pas de problème. Mais parfois ils y sont forcés. Un échange n’a pas à être imposé. Les parents peuvent adapter la vie de l’enfant afin qu’il ait suffisamment de temps de qualité en dehors des temps de repas. Un enfant a le droit de ne pas vouloir manger en même temps que ses parents. Échanger et se nourrir sont deux besoins essentiels mais ils n’ont pas nécessairement à faire parti de la même stratégie si l’enfant n’est pas OK pour ça.

Inclure l’enfant dans l’environnement

  • Proposer à l’enfant de cuisiner ensemble
  • Proposer à l’enfant de participer au choix du menu
  • Partager avec son enfant des moments au potager
  • Aller visiter une ferme avec son enfant
  • Amener son enfant au magasin bio, à l’AMAP et sur le marché local (saison)
  • Laisser choisir et goûter les aliments par lesquels l’enfant est attiré
  • Participer à des ateliers cuisine parent/enfant
  • Demander à visiter les cuisines d’un restaurant
  • Préparer un gâteau, en tête à tête
  • Inventer une nouvelle recette
  • Mélanger des aliments et en découvrir le goût

Comment remplacer l’injonction « À table »

Lorsque le parent a faim, il peut prévenir qu’il va préparer un repas ou juste un snack, il peut aussi tout simplement poser les aliments sur la table et quand tout est prêt aller voir chaque personne dans la maison en leur proposant de venir manger et/ou partager un temps ensemble. Si le moment ne convient pas aux autres membres de la famille, trouver ensemble des solutions (garder une assiette pour plus tard par exemple).

Le Bébé lance souvent son assiette

Avez-vous essayé de lui mettre de plus petites quantités ; plus régulièrement ? Si le bébé a peu de choses dans son assiette, forcément il ne risque pas d’en jeter beaucoup. Et hop, une fois qu’il a terminé, on peut resservir. A volonté. Jusqu’à ce qu’il n’ait plus faim. Et on peut l’accompagner sur la sensation de satiété : « tu sens que ton ventre a l’air bien rempli ? Est-ce qu’il y a encore de la place ? »

Si on voit que l’enfant se désintéresse de son assiette on peut alors lui proposer : « Tu aimerais aller t’installer pour lire un livre avec moi pour digérer tranquillement ? », par exemple

Le dégoût

Le dégoût est une émotion importante qu’on néglige souvent d’accompagner chez l’enfant. Lorsque l’enfant n’a plus faim et qu’il est dégoûté, que c’est « trop » pour lui… alors si on le force à manger, il n’exprime pas son émotion de dégoût, il la réprime même. Comme on mange aussi avec les yeux, un enfant/bébé peut refuser un plat juste en le voyant.

En accès libre

Carottes crues en bâtonnet, concombre cru en bâtonnet, noix de cajou, morceaux de pomme, brochettes de fruits ; banane ; cube noix de coco séchée, raisins secs.
Bref, vous l’aurez compris, fruits et légumes frais et secs à volonté!

Et chaque jour, nous viendrons sous ce post -public-, pour faire un résumé des moments que l’on a passés, liés avec la nourriture, avec nos enfants pendant la journée

ou sur notre groupe ‘échanges et conseils sans veo’

 

A vos marques ? Prêts ? Mangez !

 

L’équipe d’Enfances Épanouies

 

Défi Septembre 2019 : Sérénité

S comme Septembre, S comme Sérénité

septembre défi ee

S comme… S‘il fallait commencer par Supprimer une seule VEO pour Se rapprocher de la Sérénité, malgré les situations de crises, quelle serait-elle?

Vous l’avez ? Parfait !

Alors, on prend le temps de l’écrire en commentaire, d’y penser très fort, on Souffle un grand coup et on commence à S‘en libérer…

À chaque fois que nécessaire, quand on sent que cela pourrait craquer ou au contraire quand on est fier.es de nous, on respire, on vient sous ce post facebook public, ou sur notre groupe ‘échanges et conseils sans veo’

pour déposer et on en parle 🙂

À vous 🙂

 

À vos marques, prêts ? C’est parti !

 

L’équipe d’Enfances Épanouies

 

 


#défiDeSeptembre

Petit Papa Noël… Faire croire (ou pas) *Edit 2017*

Ne gardons pas le mystère pour nous plus longtemps…Les fêtes de fin d’année approchent ! Nombreux sommes-nous à nous questionner au sujet de nos enfants, sur le fait de « faire croire ou non au Père Noël ». Si cette décision appartient à chacun, il n’en incombe pas moins de faire ce choix en toute connaissance de causes (et de conséquences, pour le coup). Voici donc notre point de vue sur la question et quelques pistes pouvant constituer des alternatives, sous l’angle des VEO, toujours…

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Faire croire à ses enfants en l’existence du Père Noël est une chose, utiliser cette croyance pour « qu’ils se tiennent tranquilles » en est une autre. Même si, dans le prisme des VEO, les deux propositions ne semblent pas si éloignées que ça.

Regardez donc en toute objectivité :

Pour la première affirmation, « Oui, le père Noël existe ». Très franchement, à part quelques victimes du sempiternel « syndrome de Peter Pan » (Si vous en êtes, arrêtez la lecture de cet article ici, vraiment. Non ? Bon, j’avais prévenu…), plus personne ne vous dirait que c’est vrai. OK ? C’est donc un mensonge, par définition.

Pour ce qui est de la seconde proposition, encore pire.

Voyons voir : « Si tu n’es pas sage, le Père Noël ne passera pas ! ». Bon alors, là, clairement, ça se corse (et c’est bien moins joli que l’île du même nom. Coucou Corsica ❤ )

Or, si l’on n’apprend pas aux enfants à ne pas frapper tout en les frappant nous-mêmes, il en va de même pour tout le reste, dont les mensonges et le chantage susmentionnés.

N’oublions pas que les enfants apprennent aussi par mimétisme. Soyons exemplaires.

D’autant plus que le mensonge ne s’arrête pas là : souvent, les plus grands entrent dans « la combine » pour continuer à leurrer les plus petits. C’est un cercle sans fin. D’un autre côté, comme l’indique notre postulat de départ, nous nous plaçons toujours du point de vue l’enfant. A partir de là, essayons de nous mettre à la place de celui ou celle qui y croit très fort au Père Noël et dont l’entourage maintient fermement la croyance… Le jour où j’apprends « la vérité », de surcroît si cette dernière m’est annoncée brutalement (ou pas) par un copain d’école ou une cousine plus âgée, comment je me sens très concrètement ?

Bien sûr, l’état dans lequel je vais me retrouver successivement à cette découverte pourra varier selon mon degré de croyance, ma maturité, mon état psychologique du moment, mes aptitudes personnelles et mon caractère, mais globalement, le curseur se placera entre « Haute trahison » et « C’est pas si grave » en passant par « déception extrême ».

Le « jeu » en vaut-il la chandelle ? La question reste posée…

Voilà, le décor est posé et implique encore bien d’autres dimensions, notamment commerciales pour ne citer qu’elles. En effet, malgré le « STOP PUB » qui siège sur notre boîte aux lettres et la télé dont on a enfin réussi à se débarrasser définitivement, les catalogues de jouets parviennent tout de même parfois à emplir notre espace de quiétude. Bah oui, des fois qu’on oublie que Noël approche et que « le père Noël est en train de préparer sa saison de rush », il faut bien que la sphère commerçante se charge de nous le rappeler…

Partant de cela, rassurez-vous, il y a tout un tas de choses à dire et à faire avec les enfants autour de Noël sans se sentir obligé d’en passer par là.

Par exemple :

  1. Laisser l’enfant vous guider ! Oui, vous avez bien lu 😉 Dans une relation saine et égalitaire, exempte de VEO, chacun peut exprimer son avis sur les questions de la vie. Et quand celle du Père Noël arrive sur le tapis, pourquoi ne pas utiliser l’écoute active ?! ça pourrait prendre cette forme : « Et toi, qu’en penses-tu ? ». Cette petite phrase toute simple a plusieurs atouts : en plus de nous renseigner sur le « degré de croyance personnelle et individuelle» de l’enfant, elle permet de rester dans l’accompagnement de celle-ci sans toutefois en être à l’origine et sans la renforcer. On ajustera alors plus facilement notre façon d’accompagner notre petit tout en conservant un positionnement assez neutre.
  2. Tout miser sur le partage, l’amour, le don de soi, le temps passé ensemble autour de la préparation de la fête, la réflexion autour du menu, des cadeaux que chacun souhaiterait se voir offrir et que chacun souhaiterait offrir. « Fabriquer » la fête ensemble de façon à tisser les souvenirs qui s’y rapporteront. Redonner à Noël ses lettres de noblesse (façon de parler hein, je vous vois venir^^).
  3. C’est l’occasion d’ouvrir ses chakras son esprit, et celui des enfants: Bah oui, c’est quoi Noël ? D’où vient cette fête ? Quelle en est l’origine ? Comment fête-t-on Noël de par le vaste Monde ? Profitons-en pour faire des recherches, élargir nos connaissances, approfondir le sujet !
  4. C’est le moment de travailler le sens de l’empathie et de sensibiliser toute la famille au fait que Noël, ben c’est pas la fête pour tout le monde en réalité. Suivant les pays, les croyances, les obédiences…etc… la coutume de « l’assiette supplémentaire à table le soir du réveillon », à la base, n’est pas destinée à ce que le Père Noël puisse prendre une petite collation au pied du sapin entre deux livraisons. Non. Désolée de vous décevoir à nouveau. Cette assiette vide est réservée au « mendiant » qui viendrait frapper à la porte le soir de Noël pour se réchauffer et se restaurer autour de la table familiale…

Parce que c’est tout cela la « Magie de Noël », et que ça n’a franchement pas grand chose à voir avec « Le Grand Bonhomme En Rouge ».

Si malgré tout, vous décidez qu’insister sur cette croyance présente plus d’aspects positifs que négatifs pour l’enfant, essayez de rester objectif : cela reste un mensonge que votre enfant pourra vivre difficilement. A ce moment-là, vous devrez accueillir ses émotions, sa déception, et pourquoi pas sa tristesse ? Il vous faudra alors assumer ce choix.

De ce fait, lorsque nous nous sentons tenté(e)s par le « faire croire », essayons de toujours nous poser la question suivante :

« Mon enfant a-t-il besoin de croire ou est-ce moi qui en ai besoin ? »

De même, l’école ou les inévitables collectivités peuvent être un chemin direct du point « Père Noël » au point « Maison » sans passer par la case « Questionnement ».

Et si l’enfant décidait d’y croire comme ce fut le cas chez nous à Noël dernier, juste après la première rédaction de cet article, pas de panique !
Il s’agit là encore, d’accompagnement respectueux…

Voici des bribes de deux conversations que nous avons eue l’an dernier à ce sujet. La première, au mois de Décembre, au retour de sa matinée d’école:

<< – Maman ! Aujourd’hui y’avait le Père Noël à l’école !!!
– Ah oui ? Vraiment ?
– Oui ! Et il nous a même donné un cadeau ! Regarde comme c’est chouette !
– Ouah ! En effet 🙂 Hé bien, j’ai l’impression que tu l’as vraiment trouvé sympa ce type ?
– Ouais. Et moi aussi je veux lui faire un cadeau pour quand il viendra chez nous…
– Ok. Tu penses qu’il va passer chez nous ?
– Ben oui ! Mais ça sera pas le même. Celui de l’école, je sais bien que c’est juste un type avec un déguisement…
– Ok, on fera ce que tu veux, c’est toi qui décides, d’accord ?
– D’accord ! Je veux lui faire…..Une orange avec des trucs comme Balthazar (Une pomme d’ambre… NDLR) , d’accord ?!
– Ok d’acc Doc ! >>

La seconde, à la même période, au moment de se coucher:

<< – Maman ? T’y crois toi au Père Noël ? Tu crois qu’il existe pour de vrai ?
– J’en sais rien mon Crapaud. Moi je pense que c’est une légende, une belle histoire qu’on se raconte pour rêver à des trucs chouettes… Et toi ? 
– Moi je crois qu’il existe avec ses rennes et ses lutins mignons… Mais ils préparent les cadeaux mais c’est pas eux qui nous les ramènent parce que c’est trop lourd et que ça fait trop de boulot… Et qu’ils vivent dans la neige. C’est chouette la neige, on peut faire des batailles et des balades. Moi j’adore la neige ! …..
– Tu vois, ça fait rêver hein ? 
– Ouais, c’est chouette d’avoir un Père Noël pour tous les enfants… >>

Tous les enfants sont différents, et toutes les conversations sont singulières. Seulement, en tant qu’adulte, on peut être vigilant et choisir de ne pas induire la réponse de l’enfant. Choisir de se positionner de façon neutre face aux questions, permet à mon sens, de laisser toute la place à l’enfant pour qu’il s’exprime et élabore son intériorité, sa croyance s’il en est, sans en donner d’orientation personnelle.

Souhaiter à tout prix qu’il n’y croit pas est à mon avis tout aussi violent que d’insister pour qu’il y croit.

Encore une fois,la question reste la même:

« QUI a besoin d’étoiles dans les yeux ? L’enfant, ou l’adulte ? »

Pour finir, si dans la même fratrie/famille, les enfants ne partagent pas la (non) croyance, que faire ?

C’est le moment d’introduire (ou de travailler) une notion essentielle de la non violence: le respect. Ici plus particulièrement, le respect de la croyance de chacun:

« Tu as le droit de ne pas croire, autant que ta sœur/ton cousin/ta voisine a le droit de croire. Personne ne va t’obliger à croire si tu ne le souhaites pas. On est tous différents et c’est pareil pour tout le monde. »

En fait, l’idée de base étant d’adapter l’accompagnement de l’enfant…à l’enfant lui-même 😉

 

 

Et pour celles et ceux qui aiment s’appuyer sur les livres jeunesse pour faire passer les messages, voici une petite bibliographie qui pourrait vous être fort utile en cette période :

Le Noël de Balthazar
http://www.editions-hatier.fr/livre/le-noel-de-balthazar

Le Noël de Franklin (la Tortue, ndlr)http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/bourgeois-paulette-clark-brenda/le-noel-de-franklin,673995.aspx

Ernest et Célestine : Le sapin de Noël
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/5310-ernest-et-celestine-le-sapin-de-noel

Agathe ne croit pas au Père Noël
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/50137-agathe-ne-croit-pas-au-pere-noel

Combien de nuits reste-t-il avant Noël ?
http://www.lespetitsbouquins.com/livres/combien-de-nuits-reste-t-il-avant-noel/

 

 

Et….. Joyeux Noël à tou(te)s bien sûr !

 

Aude, pour la collégiale.

 

Pour aller plus loin :

http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/2016/10/biblio-notre-selection-de-livres-pour-un-noel-alternatif.html

La douce violence… Ou pourquoi « c’est mal » de dire « c’est bien ! »

Professionnelle de l’action sociale depuis 12 ans, éducatrice spécialisée de mon état (initial ;-)), j’interviens régulièrement en tant que formatrice dans l’Institut Régional du Travail Social de ma région. Cet article s’adresse davantage aux professionnels de la relation d’aide ou du soin, mais également à tout parent désireux d’avancer vers l’éducation non violente…

 

Douce…Violence…Qu’est-ce donc que cet oxymore ? (A part « une figure de style littéraire visant à rapprocher deux termes apparemment opposés »[1])

La douce violence, pour certains, c’est aller chercher de la violence là où, en apparence, il n’y en a pas… Je dis « en apparence » parce que c’est cela qu’il convient de décrypter.

En apparence, parler d’un enfant ou d’un vieillard sénile à la troisième personne alors qu’il est présent, pour transmettre des informations à un collègue par exemple, ce n’est pas de « la violence », c’est du professionnalisme (et/ou une façon d’aller plus vite.)

Voici quelques autres exemples :

  • Poser des questions de curiosité de type « c’est un enfant désiré ? » à une femme enceinte lors de son échographie,
  • Presser un enfant ou un adulte dépendant, (Dépèche-toi ! Allez ! Hop hop hop ! Qu’est ce qu’il est lent!)
  • Nier l’émotion ressentie (Arrête(z) de pleurer ! On dirait une  fille/un enfant !)
  • Imposer à quiconque de s’habiller chaudement alors qu’il n’a pas froid, de finir son assiette alors qu’il n’a pas faim,
  • Donner des surnoms constamment (pour l’enfant c’est un risque de faille identitaire, pour l’adulte, on dira que c’est « infantilisant »…)
  • Coller des étiquettes (Tu es/il(elle) est sage-gentil(le)-méchant(e)-étourdi(e)-lent(e)-maladroit(e) …)

Et j’en passe…Vous en trouverez beaucoup d’autres dans les livres de Christine Schuhl[2].

 

En fait, dans le verbe, c’est une façon de sortir de la relation (éducative s’il en est) pour s’ériger en juge de l’autre, autre différent et donc parfois incompréhensible. C’est un mécanisme intellectuel qui provient du besoin d’aller vite, de classifier, d’encadrer, d’étiqueter pour faciliter  le travail du cerveau et pour comprendre. Cerveau qui s’en occupe parfois même sans que nous n’en ayons conscience.

J’en reviens à l’expression « C’est bien ! », évoquée dans le titre :

Il m’a fallu du temps pour mesurer cet aspect de la relation éducative, mais en effet, objectivement, dire « c’est bien ! » à celui que l’on « éduque », c’est un jugement de valeur.

Plutôt positif me direz-vous?

Certes! Mais qu’il soit positif ou négatif, le jugement de valeur est à proscrire de la relation éducative puisqu’il implique un jeu de pouvoir : « l’éduqué » est donc sans cesse contraint de mesurer ses capacités en fonction de l’échelle de valeurs de « l’éducateur ».

Ladite échelle étant forcément sensiblement (ou totalement) différente d’un individu à un autre, l’on peut dès lors envisager l’impossible situation dans laquelle de telles paroles « insignifiantes » peuvent plonger l’usager d’une structure, confronté qu’il est en permanence et de façon souvent non souhaitée à une équipe de plusieurs éducateurs d’horizons différents…

Alors luttons !

Mettons-nous à la place des gens, fussent-ils des enfants et ne cessons jamais de nous questionner !

 » Tiens, pourquoi j’ai dit ça ? Quel est l’objectif éducatif de ma demande, de mon intervention auprès de cette personne ? Comment je le prendrais si l’on s’adressait à moi de cette façon ? « 

Sortons du jeu de pouvoir qui pollue la relation et restons humbles!

« Qui suis-je pour me permettre de juger l’autre, positivement ou négativement? Qui suis-je pour lui imposer MA conception du  »bien » et du  »mal »? « 

Une citation dont j’ai oublié l’auteur, illustre parfaitement le propos: « Peu importe qui tu rencontres sur ton chemin, n’oublie jamais qu’il a déjà au moins une fois traversé l’enfer. »

Essayons de rester neutre et objectif, et pour cela, décrivons ce que nous observons sans qualifier et restons dans l’interrogative! (Bonus : laissons toujours la porte ouverte –pour ne pas dire « la main tendue »…)

Exemples :

«Hé ben ! Ta fugue t’as encore servi à aller te défoncer le crâne ! Salut, content(e) de te revoir. Je vois que la nuit a été difficile. Je me trompe ? »

« Aujourd’hui c’est dans ta chambre et t’en sors pas tant que tes yeux ont pas retrouvé une couleur normale c’est compris !? Est-ce que tu veux te poser pour qu’on en parle ? Ou encore « Quand tu seras prêt à en parler, j’aimerai que tu viennes me voir. »

« Je vois que ce mur est dégueulasse plein de feutre. QUI a fait ça ??!!! Comment faire pour nettoyer ça et faire en sorte que ça n’arrive plus ? » 

« Je vois que tu fais un joli dessin ! C’est très beau !  Tu as choisi plein de couleurs vives ! »[3]

 

Bref, soyons vigilants puisque la violence, qu’elle soit « douce » ou qu’elle le soit moins, s’immisce jusque dans le plus infime des recoins de l’accompagnement éducatif, si ancrée qu’elle est dans nos pratiques, jusqu’à l’être dans l’humain lui-même… N’oublions pas que notre posture d’éducateur consiste à accompagner, à aider, à secourir même parfois.

Nous sommes une béquille…pas une batte de Baseball…

 

Aude

 

Pour aller plus loin, généralement:

 

[1] Larousse

[2] Christine SCHUHL, Denis DUGAS, Repérer et éviter les douces violences dans l’anodin du quotidien, Ed. Chronique Sociale, Lyon, 2014.

[3] Pour aller plus loin sur ce sujet particulier : http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/2016/07/maman-il-est-joli-mon-dessin.html