30 avril 2020 : C’est la 17ème Journée de la Non Violence Éducative (JNVE)

30 avril - JNVE
Cette année, c’est une version toute particulière de cette journée internationale puisque c’est la première fois qu’elle intervient depuis le vote de la loi contre les violences éducatives physiques et psychologiques faites aux enfants qui est enfin passée le 19 juillet 2019 (en France).
C’est un premier pas pour que les besoins et les droits des enfants puissent être écoutés et respectés.

La Journée de la Non Violence Éducative a été fondée aux États-Unis dans le but d’informer à propos des châtiments corporels subis par les enfants et a été relayée en France par Catherine Dumonteil Kremer avec l’association de soutien à la parentalité « La Maison de L’enfant ».

Cette journée est utile pour une prise de conscience collective vers la construction d’une vie de famille où chacun trouve sa place dans le respect mutuel et l’Amour inconditionnel.

Cette année encore, des événements (ateliers, conférences, etc) sont organisés pour les familles. Vous pouvez trouver ici les manifestations de 2020 (à distance).

L’association STOP VEO a publié, durant le mois d’avril des #VidéosContreLaVEO.

En cette période de confinement, les parents ont d’autant plus besoin d’être soutenus, informés, aidés, pour accompagner leurs enfants sans violence physique ni psychologique.

Vous pouvez partager à votre entourage cette brochure gratuite “sans fessée comment faire ?”.

Enfances Épanouies apporte du soutien, de l’écoute et des conseils sans VEO (Violences Éducatives Ordinaires) aux parents sur son groupe dédié (pensez à répondre aux questions d’entrée pour y entrer) : « Enfances Epanouies – Échanges et conseils sans VEO »

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« Il n’écoute jamais rien ! » – Écouter son enfant pour respecter qui il est.

il n ecoute jamais rien
Écouter son enfant pour respecter qui il est. Combien de fois ai-je entendu cette phrase prononcée par des parents, des enseignants, des amis parlant d’un enfant, le leur ou celui d’autrui : « Le problème avec lui, c’est qu’il n’écoute jamais rien ». Cela m’a toujours interpellée. Dans cette phrase, « écouter » sonne comme une injonction, et disons-le clairement, comme le synonyme du verbe « obéir ». Le problème avec cet enfant, en fait, c’est qu’il n’obéit pas aux ordres.

Mais est-ce là la signification du verbe écouter? Alfred Tomatis, un médecin ORL à l’origine d’une méthode révolutionnaire pour rééduquer l’oreille, rappelait dans son ouvrage « Vers l’écoute humaine » que l’être humain n’avait pas encore véritablement atteint ses capacités d’écoute : « c’est incontestablement vers l’écoute qu’il faut aller mais c’est là une des tâches les plus ardues que la gent humaine doit accomplir. »

Il faudrait d’abord s’entendre sur la définition du verbe « écouter », en se dégageant si possible de tout adultisme.

Revenons donc à l’étymologie. Le latin auscultare signifie « prêter l’oreille pour entendre, prêter attention, ajouter foi à ce qu’on entend ». A la différence de l’audition qui ne désigne que la réception passive du son, l’écoute, elle, consiste à sélectionner l’information sensorielle pour en faire du sens. Si entendre se fait malgré nous, écouter est un verbe actif qui exige du cerveau un effort supplémentaire d’attention, d’accueil et de décodage du message reçu, qui n’est pas seulement un message verbal mais également un message émotionnel.

Le cerveau de l’enfant et l’écoute

Peut-on être en situation d’écouter lorsqu’on est dans un rapport de force? Quand notre intention, lorsque qu’on veut que notre enfant nous écoute, est qu’il accepte de faire ce que l’on dit, nous faussons d’ores et déjà le dialogue et rendons impossible la moindre écoute qui nécessite une relation équitable en fonction des besoins de chacun(e) – un tout petit ne peut pas différer ses besoins, un adulte, si; c’est pourquoi je parle d’équité. Un ordre, même masqué sous une formulation apparemment polie reste un ordre et ne provoquera que du stress chez notre enfant, bloquant ainsi ses capacités à répondre à la demande sous-jacente.

La première clef est donc de formuler un besoin et une demande correspondants à notre besoin dans l’acceptation pleine et entière que l’enfant a le droit de dire non et qu’il s’agira alors de trouver une stratégie commune pour répondre aux besoins de chacun(e).

En outre, du fait de l’immaturité de son cerveau, un enfant ne peut pas avoir les mêmes capacités d’écoute qu’un adulte. Il n’est pas câblé pour faire deux choses en même temps, par exemple : faire une construction de kaplas et écouter son parent qui lui demande de s’habiller parce que c’est bientôt l’heure de l’école. Si on souhaite que notre enfant puisse décoder notre message, il est bon de se mettre à sa hauteur, de lui prendre doucement la main par exemple, en lui parlant calmement et en respectant toujours l’activité qu’il est en train d’accomplir. Anticiper aussi est nécessaire. Le rythme de l’enfant n’est pas le même que le nôtre ou que celui imposé par notre société. Le presser d’écouter n’entraînera encore une fois qu’une réaction de stress qui empêchera sa compréhension.

Enfin et surtout, si nous souhaitons que notre enfant écoute – non pas pour qu’il exécute nos ordres mais pour établir une communication harmonieuse avec lui -, il serait judicieux de donner l’exemple. L’enfant apprend principalement par imitation, rappelons-le.

Apprendre à écouter

Or, savons-nous écouter nos enfants? Essayons-nous de les comprendre tels qu’ils sont? Sans chercher à les conseiller, les changer, les façonner à une image qui nous convient…

Dans notre société à mille à l’heure, prendre le temps d’écouter est un luxe que peu de gens s’octroient, peut-être même que peu de gens connaissent. Ecouter, vraiment, ce n’est pas inné et il est vain de demander à nos enfants de faire quelque chose que nous savons nous-mêmes si mal ou si peu faire. L’écoute est pourtant la clef de voûte de la confiance que vous fera votre enfant, garantissant ainsi des relations saines, affectueuses et profondes.

Alors, comment écouter?

J’aime beaucoup cette citation de Marshall Rosenberg : « Connect before correct ». Se connecter avant de corriger – corriger, dans le sens d’évaluer et combler les besoins insatisfaits. Afin de comprendre de quoi a besoin notre enfant, la première étape élémentaire est de se connecter à lui, ce qui signifie lui prêter une attention totale dans le moment présent, en d’autres termes, l’écouter à 100%.

Pour des soucis de lisibilité, je parlerai de l’écoute à différents âges car il n’est pas tout à fait pareil d’écouter un enfant non-verbal ou un adolescent par exemple, même si au fond, nous parlons bien d’une même posture.

L’écoute des bébés

Bien que peu de parents le savent, il est possible d’apprendre à reconnaître précisément les signes d’expression des besoins des nouveaux-nés et nourrissons. Maintenant qu’il est bien acquis que le bébé est une personne*, reconnaître le langage des tout petits est devenu un art auquel nous pouvons nous former.

* Voir le magnifique documentaire du même titre :

En effet, les bébés ont un langage universel pour exprimer chacun de leurs besoins. Par exemple, pour dire « je veux téter, je veux du lait », le bébé émet un son nasal «Neh» et forme un «N» avec sa bouche. Il le fait quelques fois, et quand la maman réagit directement parce qu’elle a appris à écouter ce signal alors il n’aura pas eu besoin de pleurer. C’est Priscilla Dunstan, une australienne à l’oreille absolue qui a découvert cela. Elle a analysé et enregistré les sons qu’émettait son bébé et compris qu’il existait un son, un geste, un regard, pour exprimer chaque besoin. Des études ont été menées par la suite et, malgré le fait que chaque bébé soit différent et possède ses propres mimiques, le son et les réflexes posturaux des bébés liés à un besoin sont les mêmes partout dans le monde. De là est née la méthode Dunstan Baby Language. De nombreuses informations sont disponibles sur le web et sur le site dunstanbaby.fr.

Pour communiquer avec son bébé, on peut aussi signer, à savoir utiliser une communication gestuelle associée à la parole empruntant à la langue des signes française. Cela permet au tout petit d’exprimer plus facilement ses besoins et de limiter les frustrations. Il y a aussi tout un aspect ludique précieux, dans le signe lui-même et dans la modulation de la voix du parent, qui rapproche le parent de son bébé, et qui plus tard, à l’âge du langage, a souvent un impact positif sur les capacités de l’enfant à exprimer ses émotions. Pour en savoir plus : signes2mains.fr.

Mais n’oublions pas qu’un bébé peut avoir simplement le besoin d’exprimer ou de partager une émotion. Rire, s’étonner, mais aussi crier de colère ou pleurer de tristesse. L’écouter nécessite alors du parent une attention aimante, un contact corporel empathique dans le respect du consentement du bébé, des paroles simples. Accompagner une crise de larmes d’un tout petit demande beaucoup de patience, d’amour et d’humilité car ne pas connaître les raisons d’une telle émotion est toujours difficile pour un adulte habitué à tout rationaliser. Néanmoins, cette attention particulière, qui fait la force de l’écoute, permettra à l’enfant de traverser des émotions difficiles dès son plus jeune âge, faisant ainsi grandir sa confiance en lui. En outre, il est important de le rappeler à la suite d’Aletha Solter, l’autrice de « Pleurs et colères des enfants et des bébés » (awareparenting.com – section en français): « Aucune recherche ne démontre des dégâts cérébraux d’un bébé qui pleure dans les bras de sa mère. Par contre, quand un enfant est séparé de ses parents et pleure tout seul, son cerveau est envahi par tout un cocktail d’hormones de stress (le cortisol, par exemple) qui peuvent endommager le cerveau à long terme. Ce n’est pas le fait de pleurer qui déclenche ces hormones, c’est la terreur de se sentir abandonné qui les provoque. ». Si tous les besoins vitaux de notre bébé ont été vérifiés et comblés, nous pouvons alors écouter, accompagner ses pleurs. Et pour reprendre la métaphore de Marshall Rosenberg, se connecter dans ces cas-là est suffisant, se connecter est la correction.

Écouter les jeunes enfants

Le fait que l’enfant commence à parler et verbaliser ses besoins aide bien sûr le parent dans son travail d’écoute. Néanmoins, c’est un apprentissage assez long que d’ailleurs peu d’adultes ont accompli jusqu’au bout, tout simplement parce qu’il est très peu admis dans la société qu’un enfant exprime bruyamment ses émotions. Nombreux sont donc les adultes qui les ont refoulées et s’avèrent incapables de les exprimer de manière apaisée. En autorisant votre enfant à tempêter, crier, pleurer, rire aux éclats, vous l’aidez petit à petit à maîtriser son volcan émotionnel. Suivant l’évolution de la maturation du cerveau mise en lumière par les neurosciences, un enfant n’a pas les capacités d’exprimer ses émotions de manière socialement acceptable jusqu’à au moins 6 ou 7 ans. Si nous décidons de l’écouter, il est important d’intégrer ce fait. Se mettre à l’écoute de son enfant requiert alors principalement la capacité du parent à entrer dans l’univers personnel de celui-ci, fait de jeux et ponctué de ces fameuses tempêtes émotionnelles. un univers où le jeu est roi et où les émotions ne sont pas refoulées.

Le temps particulier et le jeu

L’un des meilleurs moyens de connaître son enfant, de l’apaiser et de remplir son réservoir affectif est de lui dédier chaque jour un temps particulier, rien qu’à lui. Souvent, à ce moment-là, le jeune enfant a envie de jouer avec son parent. La marche à suivre est alors d’écouter ses directives, de jouer comme il l’entend, sans mettre notre grain de sel ou tenter d’ influer dans un sens ou un autre. Il est primordial de s’intéresser profondément à ce que propose l’enfant. Le jeu est le meilleur outil dont il dispose pour mettre en scène et résoudre les conflits et les problématiques qu’il rencontre. Jouer avec lui permet de mieux le comprendre, d’entrer dans son monde et d’établir un lien de confiance. Cela va aussi l’aider à libérer des émotions enfouies. Le rire, notamment, est un excellent moyen de décharger un trop-plein. Les jeux de rôles, surtout ceux d’inversion de pouvoir, ou les jeux physiques, comme les batailles de coussins, ont de grandes vertus pour relâcher les tensions. Plus le parent se montre faible, piteux, démuni, plus l’enfant va pouvoir renforcer sa confiance en son pouvoir personnel si malmené dans une société où il est quasiment toujours le dominé. Le tout pour le parent est de s’engouffrer avec enthousiasme dans le jeu de l’enfant, sans rien induire. Il est important de sentir ce qui parle ou non à son enfant, ce qui le fait mourir de rire. Etant entendu qu’il ne faut pas avoir peur non plus d’écouter d’autres émotions. La rage, la tristesse peuvent émerger après une période de jeu connecté, et ce que nous appelons souvent « crise » est en fait le processus de guérison d’émotions blessées.

La décharge émotionnelle

Écouter les décharges émotionnelles plus ou moins fortes suivant les frustrations vécues par un jeune enfant demande comme pour les bébés beaucoup de patience car nous ne comprenons pas toujours pourquoi celui-ci se met dans tous ses états pour ce qui nous paraît parfois futile : un de ses jeux a été déplacé, un paquet de gâteau a été terminé, etc. Mais ces « futilités » n’en sont qu’en apparence et s’avèrent plutôt des leviers inconscients qu’utilise l’enfant pour libérer des tensions retenues pendant la journée ou parfois pendant plus longtemps encore. Il a besoin de sa figure d’attachement, attentive et disponible à 100%, en qui il a toute confiance, pour se délivrer de sa détresse ou de sa rage. Ecouter la décharge demande de se centrer sur l’enfant dans une posture d’empathie complète, même quand celui-ci nous prend pour cible de sa colère – et c’est souvent le cas ;). Ce qu’explique Patty Wipfler dans son ouvrage « A l’écoute des enfants », c’est d’éviter de distraire ou pire, isoler ou punir un enfant qui vous montre toute sa vulnérabilité. L’idée est d’écouter sans jugement ses sentiments ou ressentiments en les acceptant tels qu’ils sont. Oui, c’est mal de taper, mais cela ne sert à rien de le préciser. Empêcher en douceur un enfant de le faire et continuer à l’écouter dans sa rage va bien plus l’aider que se sentir mauvais. De simples mots comme « je t’aime », « raconte-moi » ou « je suis désolé pour toi » vont rassurer l’enfant sur votre amour et lui permettre de libérer ses tensions.Le besoin d’expression de notre enfant sera ainsi comblé sans passer par une rationalisation qui le coupe de ses ressentis. Une fois les tensions libérées, il adoptera naturellement un comportement « rationnel ».
D’ailleurs cela n’empêche pas, après la crise, à froid, de revenir dessus si l’enfant le souhaite. Mais ce qui fonctionne encore davantage est prendre conscience du lien entre l’émotion et sa manifestation corporelle : « Trembler de peur », « avoir chaud, transpirer » quand on se met en colère, etc. Nommer ses sensations aide l’enfant à écouter ce que son corps lui dit et c’est beaucoup plus simple pour lui à reconnaître que des émotions passées par le filtre du mental. C’est d’ailleurs un exercice passionnant pour nous, adultes, de nous reconnecter également au langage du corps : quand nous avons la chair de poule, quand notre cœur bat fort. Qu’est-ce que cela dit de nous?

Que notre enfant parle par son corps en se roulant par terre ou en chantant à tue-tête, ou qu’il nous confie ses peurs, ses joies, ses peines, la justesse de la posture d’écoute du parent s’avère un élément déterminant dans le processus de guérison.

Alors, comment s’en assurer?

L’écoute active : les solutions appartiennent à l’enfant ou l’adolescent

Arrêtons nous sur ce qu’on appelle l’écoute active – titre quelque peu redondant si l’on reprend la définition stricte du verbe « écouter ».
Née des travaux du psychologue américain Carl Rogers, l’écoute active a d’abord été utilisée dans un cadre thérapeutique. Il s’agit d’une technique consistant à utiliser la relance, le questionnement et la reformulation afin de s’assurer que l’on a compris au mieux ce que notre interlocuteur a à nous dire. Pour Carl Rogers, écouter implique une attitude chaleureuse et bienveillante en se connectant à l’autre par le cœur plutôt que par la raison.

Deux principes fondamentaux selon lui sont garants d’une bonne écoute :
– la non-directivité : il convient d’éviter de donner des conseils ou de tenter d’influencer celui qu’on écoute afin qu’il puisse s’exprimer en toute liberté. Garder l’assurance que notre interlocuteur possède ses propres clefs pour résoudre ses problématiques.
– l’empathie : accepter inconditionnellement le monde intérieur d’autrui, respecter profondément son point de vue, s’ouvrir à ce que l’autre ressent.

Reprise ensuite par Thomas Gordon dans son livre « Parents Efficaces », l’écoute active apparaît désormais comme l’un des outils les plus puissants pour comprendre les besoins de notre enfant et l’aider à résoudre ses difficultés. Dès qu’un enfant sait suffisamment s’exprimer et qu’un problème éclot – ce qui ne manque pas d’arriver, parfois plusieurs fois par jour – prendre des temps pour l’écouter peut se révéler très fructueux.

Voici, schématiquement, ce que préconise Thomas Gordon :
Questionner l’enfant sur la situation vécue et reformuler ses réponses sans interpréter ni conseiller, mais en appuyant de manière empathique sur l’émotion ou le besoin exprimé par l’enfant.
Par exemple :
« – Thomas m’a tapé à l’école.
– Il t’a tapé, mon chéri?
– Oui, il m’a donné un coup de pied à la jambe
– Aïe.
– Il est méchant
– Tu as trouvé qu’il était méchant avec toi?
– Oui, il me tape tout le temps.
– Il te tape tout le temps? Vraiment?
– Oui. Il m’embête, il est méchant.
– Je vois que le comportement de Thomas envers toi te cause du souci. Je me trompe?
– Je n’aime pas Thomas. »


Parfois exprimer ses sentiments suffira à l’enfant pour qu’il se sente compris et reconnu dans sa vérité. Parfois, il aura besoin de creuser plus loin. Dans ce cas, notre rôle sera de l’accompagner à créer ses propres solutions.
Si on poursuit l’exemple précédent :
« – Tu ne l’aimes pas. Son comportement te met mal-à-l’aise?
– J’aimerais ne plus le voir.
– Je comprends. Est-ce que c’est possible?
– Non, il est dans ma classe.
– C’est vrai. Qu’est-ce que tu pourrais faire pour que ça se passe mieux? »


Puis laisser l’enfant proposer ses idées sans chercher à l’influencer d’une quelconque manière. Parfois, nous serons surpris des solutions trouvées qui ne nous seraient jamais venues à l’esprit.

L’écoute active est la manière la plus respectueuse d’entrer en communication avec notre enfant, dans l’empathie et de manière non intrusive. Elle devrait être utilisée le plus souvent possible, et pas seulement en cas de problème. Elle est très précieuse quand nos adolescents sont confrontés à des questionnements sur des sujets épineux comme la sexualité, la drogue, le harcèlement. Il est alors essentiel de garantir une relation de confiance si facilement fragilisée dans ces années souvent complexes. Dans « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » comme dans « Parler pour que les ados écoutent, écouter pour que les ados parlent », Adele Faber et Elaine Mazlish, rappellent les écueils dans lesquels éviter de tomber pour maintenir une communication fluide :

  • nier les sentiments (« mais non tu aimes forcément ton frère »)
  • faire une réponse philosophique (« on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie »)
  • conseiller (« tu devrais aller la voir pour t’excuser »)
  • questionner sur le pourquoi (« pourquoi tu as laissé ton sac à la merci des voleurs »)
  • défendre l’autre personne (« je comprends que ton amie t’en veuille »)
  • manifester de la pitié (« je te plains tellement, quelle horreur ce que tu vis »)
  • faire de la psychologie/psychanalyse de comptoir (« à mon avis c’est parce que tu as un problème de rivalité avec ton père que tu ne supportes pas ce professeur »)

Lorsque nous écoutons nos enfants, nous n’avons pas de réponse toute faite. La seule posture possible est d’entrer en empathie avec le vécu de notre enfant/ado, de se mettre à sa place. C’est souvent suffisant pour que la personne qui se sent ainsi entendue commence à prendre de la hauteur – se décoller de l’émotion forte – et entrevoir, élaborer ses propres solutions. Si nécessaire, le parent peut tenter de reformuler au plus juste la problématique exposée par l’enfant, nommer le mieux possible son ressenti et… voir ce qu’il se passe!

Ecouter soi-même pour écouter son enfant

Au fond, c’est peut-être par là qu’il m’aurait fallu commencer. Beaucoup de parents ont la meilleure volonté du monde d’appliquer tous les conseils précédents. Mais comme précisé plus haut, il est parfois bien inutile de conseiller si la personne ne se sent pas entendue. Combien de parents ont eux-mêmes le réservoir vide, des émotions non déchargées depuis longtemps, bref combien souffrent d’un manque cruel d’écoute! Quel est cet exemple que nous souhaitons donner si nous mettons toutes nos colères et nos frustrations sous le tapis? Soyons cohérents et appliquons le bon vieux dicton : charité bien ordonnée commence par soi-même.

L’écoute de ses propres besoins, la capacité à les reconnaître, cela demande de l’entraînement. Même si nous avons été conditionnés à parler chacal comme dirait Marshall Rosenberg (voir « Les mots sont des fenêtres »), nous pouvons devenir girafe, c’est-à-dire, pour reprendre les bases de la communication non-violente :

  • observer ce qui se passe
  • exprimer son ressenti
  • nommer le besoin caché derrière l’émotion
  • formuler une demande

Cela nous rendra aussi plus apte à reconnaître les besoins de nos enfants derrière leurs manifestations parfois tonitruantes…

Mais ce qui nous rendra plus aptes encore à écouter nos enfants, c’est d’être écoutés nous-mêmes. Quelle disponibilité pouvons-nous offrir si nous sommes nous-mêmes remplis de tensions? Apprendre à s’écouter entre conjoints avec empathie, demander à des ami(e)s de nous écouter, peut-être en leur donnant le mode d’emploi de l’écoute active, voilà qui aide beaucoup. Faire du sport, méditer, pratiquer un loisir ou une passion aide aussi à remplir son propre réservoir. Enfin, très répandus aux Etats-Unis mais plus méconnus en France, il existe des groupes pour se former à l’écoute. Cela permet à des personnes d’apprendre des bases simples d’écoute empathique, avec un petit protocole, en les invitant à exprimer au maximum leurs émotions par des manifestations physiques : rire, larmes, bâillements, tremblements, etc. L’idée est ensuite de créer autour de soi un petit réseau de co-écoutants pour s’échanger des séances d’écoute réciproque, en présence ou à distance. C’est un excellent moyen de décharger et libérer des tensions parfois très anciennes. Cette approche solidaire d’entraide par l’écoute se nomme aux Etats-Unis : la réévaluation par la co-écoute. Quelques éléments d’informations sont disponibles sur ce site: https://www.rc.org/publication/translations/french/frenchhowto

L’écoute est un chemin de longue haleine, un chemin vers soi et un chemin vers l’autre. Un pont entre vous et votre enfant que vous pourrez franchir ensemble de plus en plus joyeusement. En pratiquant l’écoute régulièrement avec notre enfant, ce dernier aura la chance de se sentir compris, respecté en tant qu’individu et soutenu sur son propre chemin. C’est un trésor inestimable pour lui et pour nous, parents, de pouvoir entretenir ces échanges profonds avec les êtres qui nous sont si chers. Alors ralentissons pour mettre notre oreille au diapason en nous rappelant à la suite de Goethe que « parler est un besoin, écouter est un art ».

Célia, pour l’équipe d’Enfances Épanouies


Bibliographie :

Priscilla Dunstan Il pleure, que dit-il?

A. Faber, E.Mazlish Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent

A. Faber, E.Mazlish Parler pour que les ados écoutent, écouter pour que les ados parlent.

Thomas Gordon Parents efficaces

Marshall Rosenberg Les mots sont des fenêtres

Aletha Solter Pleurs et colères des enfants et des bébés

Patty Wipfler A l’écoute des enfants