Petit Papa Noël… Faire croire (ou pas) *Edit 2017*

Ne gardons pas le mystère pour nous plus longtemps…Les fêtes de fin d’année approchent ! Nombreux sommes-nous à nous questionner au sujet de nos enfants, sur le fait de « faire croire ou non au Père Noël ». Si cette décision appartient à chacun, il n’en incombe pas moins de faire ce choix en toute connaissance de causes (et de conséquences, pour le coup). Voici donc notre point de vue sur la question et quelques pistes pouvant constituer des alternatives, sous l’angle des VEO, toujours…

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Faire croire à ses enfants en l’existence du Père Noël est une chose, utiliser cette croyance pour « qu’ils se tiennent tranquilles » en est une autre. Même si, dans le prisme des VEO, les deux propositions ne semblent pas si éloignées que ça.

Regardez donc en toute objectivité :

Pour la première affirmation, « Oui, le père Noël existe ». Très franchement, à part quelques victimes du sempiternel « syndrome de Peter Pan » (Si vous en êtes, arrêtez la lecture de cet article ici, vraiment. Non ? Bon, j’avais prévenu…), plus personne ne vous dirait que c’est vrai. OK ? C’est donc un mensonge, par définition.

Pour ce qui est de la seconde proposition, encore pire.

Voyons voir : « Si tu n’es pas sage, le Père Noël ne passera pas ! ». Bon alors, là, clairement, ça se corse (et c’est bien moins joli que l’île du même nom. Coucou Corsica ❤ )

Or, si l’on n’apprend pas aux enfants à ne pas frapper tout en les frappant nous-mêmes, il en va de même pour tout le reste, dont les mensonges et le chantage susmentionnés.

N’oublions pas que les enfants apprennent aussi par mimétisme. Soyons exemplaires.

D’autant plus que le mensonge ne s’arrête pas là : souvent, les plus grands entrent dans « la combine » pour continuer à leurrer les plus petits. C’est un cercle sans fin. D’un autre côté, comme l’indique notre postulat de départ, nous nous plaçons toujours du point de vue l’enfant. A partir de là, essayons de nous mettre à la place de celui ou celle qui y croit très fort au Père Noël et dont l’entourage maintient fermement la croyance… Le jour où j’apprends « la vérité », de surcroît si cette dernière m’est annoncée brutalement (ou pas) par un copain d’école ou une cousine plus âgée, comment je me sens très concrètement ?

Bien sûr, l’état dans lequel je vais me retrouver successivement à cette découverte pourra varier selon mon degré de croyance, ma maturité, mon état psychologique du moment, mes aptitudes personnelles et mon caractère, mais globalement, le curseur se placera entre « Haute trahison » et « C’est pas si grave » en passant par « déception extrême ».

Le « jeu » en vaut-il la chandelle ? La question reste posée…

Voilà, le décor est posé et implique encore bien d’autres dimensions, notamment commerciales pour ne citer qu’elles. En effet, malgré le « STOP PUB » qui siège sur notre boîte aux lettres et la télé dont on a enfin réussi à se débarrasser définitivement, les catalogues de jouets parviennent tout de même parfois à emplir notre espace de quiétude. Bah oui, des fois qu’on oublie que Noël approche et que « le père Noël est en train de préparer sa saison de rush », il faut bien que la sphère commerçante se charge de nous le rappeler…

Partant de cela, rassurez-vous, il y a tout un tas de choses à dire et à faire avec les enfants autour de Noël sans se sentir obligé d’en passer par là.

Par exemple :

  1. Laisser l’enfant vous guider ! Oui, vous avez bien lu 😉 Dans une relation saine et égalitaire, exempte de VEO, chacun peut exprimer son avis sur les questions de la vie. Et quand celle du Père Noël arrive sur le tapis, pourquoi ne pas utiliser l’écoute active ?! ça pourrait prendre cette forme : « Et toi, qu’en penses-tu ? ». Cette petite phrase toute simple a plusieurs atouts : en plus de nous renseigner sur le « degré de croyance personnelle et individuelle» de l’enfant, elle permet de rester dans l’accompagnement de celle-ci sans toutefois en être à l’origine et sans la renforcer. On ajustera alors plus facilement notre façon d’accompagner notre petit tout en conservant un positionnement assez neutre.
  2. Tout miser sur le partage, l’amour, le don de soi, le temps passé ensemble autour de la préparation de la fête, la réflexion autour du menu, des cadeaux que chacun souhaiterait se voir offrir et que chacun souhaiterait offrir. « Fabriquer » la fête ensemble de façon à tisser les souvenirs qui s’y rapporteront. Redonner à Noël ses lettres de noblesse (façon de parler hein, je vous vois venir^^).
  3. C’est l’occasion d’ouvrir ses chakras son esprit, et celui des enfants: Bah oui, c’est quoi Noël ? D’où vient cette fête ? Quelle en est l’origine ? Comment fête-t-on Noël de par le vaste Monde ? Profitons-en pour faire des recherches, élargir nos connaissances, approfondir le sujet !
  4. C’est le moment de travailler le sens de l’empathie et de sensibiliser toute la famille au fait que Noël, ben c’est pas la fête pour tout le monde en réalité. Suivant les pays, les croyances, les obédiences…etc… la coutume de « l’assiette supplémentaire à table le soir du réveillon », à la base, n’est pas destinée à ce que le Père Noël puisse prendre une petite collation au pied du sapin entre deux livraisons. Non. Désolée de vous décevoir à nouveau. Cette assiette vide est réservée au « mendiant » qui viendrait frapper à la porte le soir de Noël pour se réchauffer et se restaurer autour de la table familiale…

Parce que c’est tout cela la « Magie de Noël », et que ça n’a franchement pas grand chose à voir avec « Le Grand Bonhomme En Rouge ».

Si malgré tout, vous décidez qu’insister sur cette croyance présente plus d’aspects positifs que négatifs pour l’enfant, essayez de rester objectif : cela reste un mensonge que votre enfant pourra vivre difficilement. A ce moment-là, vous devrez accueillir ses émotions, sa déception, et pourquoi pas sa tristesse ? Il vous faudra alors assumer ce choix.

De ce fait, lorsque nous nous sentons tenté(e)s par le « faire croire », essayons de toujours nous poser la question suivante :

« Mon enfant a-t-il besoin de croire ou est-ce moi qui en ai besoin ? »

De même, l’école ou les inévitables collectivités peuvent être un chemin direct du point « Père Noël » au point « Maison » sans passer par la case « Questionnement ».

Et si l’enfant décidait d’y croire comme ce fut le cas chez nous à Noël dernier, juste après la première rédaction de cet article, pas de panique !
Il s’agit là encore, d’accompagnement respectueux…

Voici des bribes de deux conversations que nous avons eue l’an dernier à ce sujet. La première, au mois de Décembre, au retour de sa matinée d’école:

<< – Maman ! Aujourd’hui y’avait le Père Noël à l’école !!!
– Ah oui ? Vraiment ?
– Oui ! Et il nous a même donné un cadeau ! Regarde comme c’est chouette !
– Ouah ! En effet 🙂 Hé bien, j’ai l’impression que tu l’as vraiment trouvé sympa ce type ?
– Ouais. Et moi aussi je veux lui faire un cadeau pour quand il viendra chez nous…
– Ok. Tu penses qu’il va passer chez nous ?
– Ben oui ! Mais ça sera pas le même. Celui de l’école, je sais bien que c’est juste un type avec un déguisement…
– Ok, on fera ce que tu veux, c’est toi qui décides, d’accord ?
– D’accord ! Je veux lui faire…..Une orange avec des trucs comme Balthazar (Une pomme d’ambre… NDLR) , d’accord ?!
– Ok d’acc Doc ! >>

La seconde, à la même période, au moment de se coucher:

<< – Maman ? T’y crois toi au Père Noël ? Tu crois qu’il existe pour de vrai ?
– J’en sais rien mon Crapaud. Moi je pense que c’est une légende, une belle histoire qu’on se raconte pour rêver à des trucs chouettes… Et toi ? 
– Moi je crois qu’il existe avec ses rennes et ses lutins mignons… Mais ils préparent les cadeaux mais c’est pas eux qui nous les ramènent parce que c’est trop lourd et que ça fait trop de boulot… Et qu’ils vivent dans la neige. C’est chouette la neige, on peut faire des batailles et des balades. Moi j’adore la neige ! …..
– Tu vois, ça fait rêver hein ? 
– Ouais, c’est chouette d’avoir un Père Noël pour tous les enfants… >>

Tous les enfants sont différents, et toutes les conversations sont singulières. Seulement, en tant qu’adulte, on peut être vigilant et choisir de ne pas induire la réponse de l’enfant. Choisir de se positionner de façon neutre face aux questions, permet à mon sens, de laisser toute la place à l’enfant pour qu’il s’exprime et élabore son intériorité, sa croyance s’il en est, sans en donner d’orientation personnelle.

Souhaiter à tout prix qu’il n’y croit pas est à mon avis tout aussi violent que d’insister pour qu’il y croit.

Encore une fois,la question reste la même:

« QUI a besoin d’étoiles dans les yeux ? L’enfant, ou l’adulte ? »

Pour finir, si dans la même fratrie/famille, les enfants ne partagent pas la (non) croyance, que faire ?

C’est le moment d’introduire (ou de travailler) une notion essentielle de la non violence: le respect. Ici plus particulièrement, le respect de la croyance de chacun:

« Tu as le droit de ne pas croire, autant que ta sœur/ton cousin/ta voisine a le droit de croire. Personne ne va t’obliger à croire si tu ne le souhaites pas. On est tous différents et c’est pareil pour tout le monde. »

En fait, l’idée de base étant d’adapter l’accompagnement de l’enfant…à l’enfant lui-même 😉

 

 

Et pour celles et ceux qui aiment s’appuyer sur les livres jeunesse pour faire passer les messages, voici une petite bibliographie qui pourrait vous être fort utile en cette période :

Le Noël de Balthazar
http://www.editions-hatier.fr/livre/le-noel-de-balthazar

Le Noël de Franklin (la Tortue, ndlr)http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/bourgeois-paulette-clark-brenda/le-noel-de-franklin,673995.aspx

Ernest et Célestine : Le sapin de Noël
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/5310-ernest-et-celestine-le-sapin-de-noel

Agathe ne croit pas au Père Noël
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/50137-agathe-ne-croit-pas-au-pere-noel

Combien de nuits reste-t-il avant Noël ?
http://www.lespetitsbouquins.com/livres/combien-de-nuits-reste-t-il-avant-noel/

 

 

Et….. Joyeux Noël à tou(te)s bien sûr !

 

Aude, pour la collégiale.

 

Pour aller plus loin :

http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/2016/10/biblio-notre-selection-de-livres-pour-un-noel-alternatif.html

5 réflexions sur “Petit Papa Noël… Faire croire (ou pas) *Edit 2017*

  1. Aurore dit :

    Un sujet qui m’intéresse beaucoup, et un article excellent, merci!
    J’ai moi-même écrit à ce propos l’an dernier (mon citron n’avait que quelques mois, mais j’avais déjà les idées bien claires). Je me permets de mettre le lien en commentaire, des fois que ça intéresserait quelqu’un:
    https://petitemaisonvt.com/2016/12/15/le-mensonge-collectif-du-gros-tout-rouge/
    L’an dernier, cet article n’a pas eu beaucoup de succès… On m’a qualifiée de rabat-joie et on m’a même dit que je privais mon enfant de son enfance!

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  2. audeviolette dit :

    Merci Aurore pour ton retour ainsi que pour ton (extrêmement très maxi) chouette article que je m’en irai rapidement partager sur notre page FB!
    Idriss Aberkane dit que les révolutions idéologiques passent toujours par 3 stades:
    1. Ridicule
    2. Dangereuse
    3. Évidente
    Il ne nous reste plus qu’à poursuivre nos efforts pour aller vers l’évidence 😉
    Courage!
    Aude

    Aimé par 1 personne

  3. Dietrich gaelle dit :

    Coucou, j’aime beaucoup ce que tu as écris et je trouve que l’approche que tu as eue avec ton fils était très fine. Je crois qu’il faut être à l’écoute de son enfant et l’accompagner sans le forcer à croire ou non. Pour moi Noël c’est aussi les valeurs humaines, le partage, l’histoire, la générosité.
    Mais lorsqu’on fête Noël en famille, avec les grands parents, cousins et cousines, il est difficile de mettre cela en place. Chez moi, les enfants ont une liste, sont pourris gâtés et à minuit, après une promenade dans le quartier, une cloche retentit et cela signifie que le père noël est arrivé. Du coup les enfants, surexcités courent jusqu’à la maison et découvrent sous le sapin une tonne de cadeaux.
    Mon petit n’a que quelques mois, je ne suis pas encore vraiment confrontée à cela, mais je me demande comment faire! Car ma famille, plutôt traditionaliste s’imposera c’est sûr. Et donc les pensées que mon enfant pourra avoir seront souillées par la pensée collective.

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  4. Franky dit :

    Bel article. Je suis heureux de voir les mentalités évoluer.
    Il y a plus de 20 ans je refusais de mentir à mon fils au sujet du père noël car, sensible, je me souvenais de mon terrible sentiment d’incompréhension et de trahison quand un ami m’avait appris son inexistence. Pour certains je passait à l’époque pour une espèce de monstre qui privait son fils de la « magie » de Noël…

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  5. Jessica dit :

    Bonjour,
    merci pour cette réédition 2017… Comme toujours, vos articles me nourrissent et me questionnent, c’est ce que je cherche en venant ici.
    Je voulais vous partager notre vécu, concernant toute cette période. J’avais des idées très arrêtées sur le fait que je ne ferais absolument pas croire à mon fils (3 ans fin décembre) au Père Noel. La franchise est genre mon cheval de bataille 😉 Et puis, comme on dit « avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants ». Hum non, c’est un peu plus complexe que ça évidemment, et mes principes restent bel et bien là. Sauf que je me laisse aussi guider par notre quotidien avec mon enfant, comme vous le suggérez dans l’article.
    Du coup, on arrive à un drôle de mélange : on fabrique tous nos cadeaux nous mêmes (et on en fabrique BEAUCOUP, parce qu’on aime dire aux gens qu’on aime qu’on les aime à Noël ;)) et notre fils sait de qui il reçoit chacun des cadeaux qu’il reçoit (la joie de pouvoir l’évoquer tout le reste de l’année …). Et en même temps, le Père Noël est TRES présent dans l’imaginaire de notre fils ; il est totalement fan de livres et d’histoires, et on en lit beaucoup, celles qui sont citées en fin d’articles mais aussi beaucoup de plus « classiques » (bon, pas celles ou y a du chantage de Noël et autres joyeusetés du genre). Du coup, il aime ce gros bonhomme rouge, et il en parle dans ses jeux et dans ses délires parfois insuivables, comme il aime la voiture rouge qui fait des éclairs et qui est très commerciale aussi ;), ou tous ses héros de livres.
    Certaines personnes de notre famille éloignée lui parlent du Père Noël et ça le fait triper, sur le ton de l’imaginaire. Je ne laisse par contre aucun mensonge volontaire s’immiscer là-dedans.
    Bon, j’avoue, je m’interroge un peu sur comment tout ça évoluera avec le temps… Mais je vais me laisser guider 😀
    Merci en tout cas, pour votre super travail.
    On avance !

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